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Thérapie de couple- je regrette tellement, comment me faire pardonner ?

  • Photo du rédacteur: aude553
    aude553
  • il y a 5 jours
  • 6 min de lecture

Parmi les couples qui viennent en consultation pour une thérapie, il arrive souvent que l'un des deux a eu des actes qu'il/elle regrette, comme une relation extra-conjugale.

Dire "pardon" ou "je suis désolé(e)" est un premier pas mais peut ne pas suffire pour restaurer le lien ou réparer la blessure. Alors comment s'y prendre ?


thérapie de couple

Nous sommes humains et nous serons tour à tour blessé et blessant. Grandir en couple c'est accepter d'être déçu et décevant et que la relation soit suffisamment solide pour le contenir.

Maladresse ou malveillance, mots qui dépassent la pensée, coup de canif dans le contrat, double vie, autant de blessures qui viennent abîmer la relation quand elles ne la rompent pas.

Le chemin du pardon permet de restaurer la relation.


Parfois, malgré une formulation d'excuses, malgré une demande de pardon, la connivence ne revient pas au sein du couple.


3 hypothèses sont alors à creuser :

  • ce n'est pas le bon timing : la personne blessée est encore sous le choc, elle a besoin de temps pour digérer et n'est pas en mesure d'accepter des excuses ou d'accorder un pardon pour le moment

  • le pardon n'est pas possible, le chemin de pardon ne peut pas tout : si la blessure est trop profonde, elle a pu rompre la relation; si la relation n'était pas suffisamment solide en amont, une blessure même plus légère peut l'avoir rompue

  • les bons langages d'excuses ne sont pas utilisés: quand les deux membres du couples veulent avancer et sont prêts à le faire, les excuses formulées peuvent ne pas trouver écho chez la personne blessée.


En effet, d'après Gary Chapman, nous ne parlons pas obligatoirement le même langage d’excuses que notre interlocuteur puisqu'ils sont au nombre de cinq « Les excuses revêtent cinq aspects fondamentaux. Nous les avons appelés les cinq langages d’excuses. Chacun d’eux est important. Mais l’un ou l’autre – ou plusieurs – parlera davantage à telle personne », indique ce thérapeute de couple américain dans son livre Les Langages de la réconciliation – Apprendre à présenter ses excuses et à décoder celles des autres.


Avec les couples, nous analysons et décryptons ces cinq langages pour permettre à chacun d’utiliser le(s) langage(s) le(s) plus approprié(s) afin de réparer le lien.

« Quand vous employez le langage principal de ceux que vous fréquentez, vous les aidez à vous pardonner véritablement, explique Gary Chapman. Si vous ne leur parlez pas sur le bon mode, ils ne seront pas sûrs de votre sincérité. »


1/ Exprimer des regrets : « Je suis désolé(e) de ... »


Cette petite phrase, pourtant toute simple, brille souvent par son absence, ce que la personne blessée remarquera immédiatement "il/elle ne m'a même pas dit qu'il/elle était désolé(e)".

Quand elle est formulée sincèrement, cette phrase peut déjà faire beaucoup pour le lien.


Elle peut cependant parfois sembler vide de sens.

En effet, beaucoup ont pu être forcés à s'excuser en étant enfant et l'ont fait pour avoir la paix, pour la forme, sans n'y mettre aucun sens. Et cela n'a toujours pas de sens pour eux à l'âge adulte. La personne blessée peut alors le recevoir comme une simple formule de politesse qui ne montre pas une compréhension du préjudice subi.

Cette personne blessée a besoin de se sentir rejoint dans le préjudice qu'elle a subi.


Plus les excuses sont précises, plus elles auront de l'effet.

Il s'agit de nommer précisément l'action que l'on regrette, cela montre à l'autre que nous reconnaissons pleinement nos actes. Par exemple, "Je me rends compte que j'ai haussé le ton pendant notre échange, j'en suis désolé".

Il s'agit également de nommer l'impact de notre action sur l'autre. On ne connaît pas forcément cet impact donc on peut déjà poser une question ouverte et écouter sans jugement ce que l'autre a vécu et s'intéresser à sa douleur "j'imagine que cela t'a fait du mal car tu voulais sans doute être aussi entendu, mais je n'en suis pas certaine, comment cela s'est passé pour toi ?"


La personne qui a blessé ne cherchera pas à minimiser "ça va, je n'ai pas crié si fort" ni à se justifier "oui mais j'étais en colère, tu m'avais énervé".

Le OUI MAIS est à bannir, il annule tout, c'est un piège dans lequel les couples tombent souvent. Le regret sincère ne doit pas s'accompagner de restrictions, sinon les excuses deviennent une attaque.



2/ Reconnaître sa responsabilité : « J’ai eu tort »


Les excuses impliquent de reconnaître sa responsabilité et son tort, ce qui est loin d'être évident.

Pour certains il est très difficile de dire : « Je me suis trompé(e) » car cela viendrait amoindrir l'idée qu'ils se font de leur propre valeur. Exprimer que l’on s’est trompé ou que l'on a eu tort est perçu comme une faiblesse. C'est notamment le cas pour les personnes dont l'estime d'elles-mêmes est faible.

En réalité, nous sommes humains et commettons tous des erreurs. Assumer la responsabilité de ses erreurs est une preuve de maturité, se justifier ne l'est pas.


Pour certaines personnes blessées, l’élément le plus important des excuses est la reconnaissance par l'autre de sa "mauvaise conduite". Elles veulent s'assurer que l'autre comprend que ce qu’il a fait était mal.


Attention cependant de ne pas s'auto-flageller "je ne suis qu'un gros nul, je ne te mérite pas". Cela ne sert pas à grand chose si ce n'est à ramener le focus sur soi et l'autre ne sentira ni entendu ni rejoint.


3/ Réparer : « Que puis-je faire pour arranger les choses ? »


Pour certains, les "je suis désolé, j'ai eu tort" ne suffisent pas. Ils ont besoin d'une réparation tangible pour sentir que les excuses sont sincères et pour être rassurés sur le fondement de la relation.


Les idées de réparation ne manquent pas : compensation financière, restauration d'une réputation ou d'une dignité par des excuses publiques, engagement par écrit etc.

La personne blessée peut préciser ce qui pourrait tenir lieu de réparation.



4/ Repentir : « Je vais changer »


Ceux qui parlent ce langage auront besoin que le comportement de l'autre change et qu’il ne les re blesse plus de la même manière.

La personne qui cherche à changer pourra se faire accompagner par un thérapeute sur ce sujet.

La personne blessée sera plus convaincue par un plan précis que par une intention générale.

Les "je ne serai plus jamais infidèle"ne sont pas très convaincants, comment le croire ? Ce n'est pas concret ni positif ni complètement réaliste.

Le couple peut plutôt collaborer sur une nouvelle charte relationnelle entre eux, définissant par exemple quand commence précisément l'infidélité pour eux et mettant en place des actions concrètes (promettre par exemple de parler à l'autre dès que l'un des deux se sent attiré par une autre personne).



5/ Demander ouvertement pardon : « Acceptes-tu de me pardonner ? »


Vous avez reconnu vos torts, exprimé des regrets, mis en place une réparation et la connivence ne revient pas.

Plus d'une personne blessée sur cinq attend que l'autre lui demande pardon, en utilisant ces termes là. En effet, la personne blessée va pouvoir reprendre une forme de contrôle sur la relation et l'avenir de cette relation.

C'est à elle de prendre la décision de pardonner ou non.

Et l’avenir de la relation repose sur cette décision.

Beaucoup de personnes qui s'excusent ont du mal avec cette phase car cela leur fait vraiment perdre le contrôle. On ne peut pas exiger que l'autre pardonne.

C'est une décision qui doit être libre sinon cela ne fonctionne pas. C'est avant tout un cadeau. Et un cadeau que l'on exige n'est plus un cadeau.

Pardonner ce n'est pas oublier mais décider d'avancer quand même, ensemble, c'est laisser la personne reprendre sa place dans notre vie.

La personne qui a blessé ne peut pas faire pression ou juger la personne blessée d’avoir un cœur de pierre. Elle ne peut pas non plus induire que ce n'est quand même pas terrible de ne pas pardonner, ce serait une forme de manipulation.


Le chemin du pardon est un chemin qui demande humilité, courage, sincérité et liberté. Il n'est pas simple mais tellement libérateur.

Une relation restaurée est encore plus solide à l'image de ce noeud qui vient la consolider et réduire un peu plus la distance entre les deux partenaires.


Un thérapeute de couple pourra accompagner les couples tout au long ce chemin.



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